J'habite l'ancienne Asie / et toi la lointaine Europe / quelqu'un retourne la planète / nous perdons pied, chavirons ensemble / dans un océan de mélancolie. Ainsi Chen Li s'adresse-t-il à l'un de ses compositeurs de prédilection, Olivier Messiaen. La poésie est à ses yeux le meilleur moyen de communiquer avec le monde, à qui il envoie sans relâche des cartes postales sous forme de poèmes. Engagé dans la quête identitaire taïwanaise et profondément attaché à son île natale peuplée de faisans noirs à longue queue et de serpents aux cent pas, que les Portugais nommèrent jadis la "Belle" (Formosa), Chen Li reste également à l'écoute d'autres voix venues du monde entier. Il manifeste une foi inébranlable dans le pouvoir magique et mystérieux de la poésie, propre à dépasser les frontières, à transcender les souffrances, la fuite du temps, la mort. Enclin à un humour teinté d'amertume, le poète mélomane a fait sien le mot du compositeur japonais Tom Takemitsu, qui s'applique à toute sa poésie : "La musique, dans son essence, semble inséparable de la tristesse. C'est la tristesse de l'existence. Plus vous êtes emplis de la joie de la création musicale, plus profonde est la tristesse."
Né à Hualien en 1954, Chen Li est un poète historien, géographe, magicien, funambule, qui rend inlassablement hommage à sa ville natale située sur la côte est, aux confins de l'île de Taiwan : peu porté sur les voyages, il lui est toujours resté attaché et ne la quitte qu'occasionnellement. Auteur de quatorze recueils de poésie, Chen Li mêle subtilement des éléments du modernisme occidental et du postmodernisme aux spécificités de la langue chinoise et de l'esthétique extrême-orientale.
GHOST TOWNUne symphonie familiale d’une rare poésie au cœur de la fête des Fantômes dans la campagne taïwanaise.
Benjamin d’une fratrie de sept enfants, Chen Tienhong a dû quitter son village natal de Yongjing pour vivre librement son homosexualité. Après avoir passé plusieurs années en prison à cause d’une relation avec un homme violent, il décide de rentrer à Taïwan et d’élucider un mystère qui plane depuis son enfance. Arrivé le jour de la fête des Fantômes, Tienhong lui-même se sent comme un spectre errant dans un lieu qu’il reconnaît à peine. Le seul endroit qui n’a pas changé est sa maison où règnent toujours les mêmes règles, les mêmes blessures et, surtout, les mêmes silences.
« Une symphonie familiale mélancolique d’une rare poésie » Le Monde « Un drame familial, une histoire de Taïwan et un meurtre, tout cela en un formidable roman. » TheNew York Times
Kevin Chen est né à Yongjing et a débuté sa carrière artistique en tant qu’acteur. Il vit aujourd’hui à Berlin et a publié plusieurs romans, des essais et des recueils de nouvelles. Il est lauréat, entre autres, du Grand Prix de littérature taïwanaise.
Traduit du chinois (Taïwan) par Emmanuelle Péchenart580/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2503083040002