Une journée où je n'écris pas a un goût de cendres", disait-elle. Simone de Beauvoir (1908-1986) fut philosophe, romancière, théoricienne du féminisme, militante anticolonialiste, elle fut la moitié du "couple existentialiste" (et mythique) qu'elle forma avec Sartre, et elle fut aussi, bien sûr, une des grandes mémorialistes de notre temps. Lécriture de soi a toujours été présente dans sa vie. Dès ses dix-huit ans, elle tint un journal intime. Elle continua sa vie durant, par intermittence. C'est la volonté de raconter son amie d'enfance, Zaza, et la douleur liée à sa disparition qui font se concrétiser son désir autobiographique. Commencées en 1956, les Mémoires d'une jeune fille rangée paraissent en 1958. Ce livre allait devenir le premier volume d'une vaste et ambitieuse entreprise mémoriale. Pourtant, à l'origine, il devait se suffire à lui-même : Simone de Beauvoir y avait assouvi son ambition de "totalité". Mais il amorça un processus d'écriture qui allait se déployer sur un quart de siècle. "On ne peut jamais se connaître mais seulement se raconter." Des Mémoires à La Cérémonie des adieux (1981), six ouvrages couvrent pratiquement toute l'existence de Beauvoir, de sa naissance à la mort de Sartre en avril 1980. S'y succèdent toutes les modalités du récit de soi. L'autobiographie dans Mémoires d'une jeune fille rangée, où elle retrace la conquête de son autonomie et fait revivre son désir d'adolescente : "devenir un écrivain célèbre". Les mémoires, récit d'une vie dans sa condition historique, avec La Force de l'âge (1960), qui suit le parcours du "Castor" de 1929 à 1944 - dix années de liberté et de bonheur brisées par la guerre, et par la prise de conscience d'une sorte d'aveuglement -, puis La Force des choses (1963), où le passé remémoré finit par rejoindre le moment de la rédaction et où l'écriture de soi rallie l'écriture du monde. L'autoportrait, dans Tout compte fait (1972), où la stricte chronologie le cède au thématique. Le témoignage enfin, dans La Cérémonie des adieux, où Beauvoir évoque les dix dernières années de la vie de Sartre. Au centre, Une mort très douce (1964), court et admirable récit consacré à la maladie et à la disparition de sa mère. L'oeuvre mémoriale de Simone de Beauvoir ne cessa d'enlacer l'Histoire. "Répertoire des rêves d'une génération", embrassant la presque totalité du XXᵉ siècle, elle fut souvent lue comme un document, un précieux témoignage sur une époque. "Ses souvenirs sont les nôtres, disait François Nourissier ; en parlant d'elle, Simone de Beauvoir nous parle de nous." Le temps est sans doute venu de la lire autrement, comme une oeuvre littéraire. On a parfois reproché à Beauvoir sa sèche précision, la monotonie de son style ou bien encore une écriture trop "intellectuelle". C'était ne pas voir que ce style, recherché par elle, relevait de la mise à distance du monde et de la volonté de faire entendre sa propre voix, vivante.
LETTRES A UN JEUNE POETE ET AUTRES LETTRESEn 1903, Rainer Maria Rilke entame une correspondance avec un jeune homme de vingt ans, Franz Kappus, élève d'un établissement militaire, qui lui a envoyé ses premiers essais poétiques. Plusieurs lettres suivent, que Kappus publie en 1929, trois ans après la mort de Rilke. Ces textes sont immédiatement devenus célèbres et comptent parmi les plus beaux de Rilke ; au fil du temps et des échanges, ils composent une superbe méditation sur la solitude, l'amour, la création, l'accomplissement de l'être. D'autres lettres viennent compléter ce recueil, adressées à l'amante du poète, Lou Andreas-Salomé, à son ami, Friedrich Westhoff, et à sa femme, Clara Rilke. Elles continuent de parler "de la vie et de la mort, et de ceci que l'une et l'autre sont grandes et magnifiques".290/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2503002056739
SOUNDJATA OU L'EPOPEE MANDINGUEDjibril Tamsir Niane s'est mis ici à l'écoute de l'Afrique traditionnelle. Les paroles qu'il nous propose sont paroles de griots. Nous apprenons l'histoire de l'Ancêtre du grand Manding, celui qui, par ses exploits, surpassa Alexandre, l'histoire du fils du Buffle, du fils du Lion : Soundjata, " l 'homme aux noms multiples contre qui les sortilèges n'ont rien pu. "400/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2501191114004
ABRAHAM HANIBAL, L'AIEUL NOIR DE POUCHKINE" Je compte voir encore mon vieux nègre de Grand-Oncle qui, je suppose, va mourir un de ces quatre matins et il faut que j'aie de lui des mémoires concernant mon aïeul. " L'aïeul, évoqué dans cette lettre de Pouchkine, n'est autre qu'Abraham Hanibal arraché de sa terre natale au nord de l'actuel Cameroun, et arrivé en Russie à l'âge de huit ans en 1704. Hanibal devint le fils adoptif puis le collaborateur du tsar Pierre le Grand. En 1723, il accède au grade de capitaine de l'armée française. Il devint ensuite sous le règne de l'impératrice Élisabeth, l'une des plus importantes personnalités de l'empire russe. Marié à Christine-Régine de Schoëberg, issue de la noblesse suédoise, il aura sept enfants dont l'un, Joseph, sera le grand-père de Pouchkine. La contribution d'Abraham Hanibal au développement technique et militaire de la Russie du XVIIIe siècle est considérable. Il fut général en chef de l'armée impériale russe, directeur général des fortifications et chef du corps des ingénieurs. Il écrivit en 1726 un volumineux ouvrage de géométrie et de fortifications destiné aux élèves ingénieurs. C'est lui qui introduisit l'enseignement de l'architecture civile dans les écoles d'ingénieurs militaires de Russie...1,320/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2501191114003
MEMOIRE D'UNE PEAUUn lundi comme un autre, un albinos - qui sera sans enfance - naît à la porte des adultes, d'une mère discontinue et d'un père volage, dans un continent improbable. Un être qui porte donc sa fragilité dans l'incertitude même de sa peau et pour qui commence une quête hybride de soi, de l'amour sur fond d'errance existentielle, d'exil intérieur et de solitude. Milos Kan, le héros narrateur, aime les femmes, l'alcool, les plaisirs ambigus : il tente aussi d'écrire, de commencer un roman, achevé avant d'être écrit et qui traduirait son besoin de vivre et sa difficulté d'être. Une quête de sens pour une existence suspendue entre l'oppression du désert et l'appel de la source. Mais comment se perdre pour se retrouver quand on naît albinos, écartelé entre la vie engluée dans le relatif et une soif inextinguible d'absolu ? Sinon par l'acceptation quelque peu désabusée que la générosité et le désespoir sont les formes les plus hautes de toute lucidité intransigeante. Une lucidité hantée par la folie : celle qu'on aimerait bien avoir l'intelligence de vivre. Mémoire d'une peau, livre posthume du regretté Williams Sassine, est un roman flamboyant, émouvant de vérité, à l'humour désespéré et corrosif, servi par une verve étincelante, somptueuse, poétique. Ce récit par bien des côtés autobiographique, est le testament d'un écrivain majeur, lucide et généreux. Sa lecture ne laissera personne indifférent qui fait de nous tous des albinos, autant de lucioles dans la nuit. Mémoire d'une peau est une magnifique métaphore sur notre (tragique) et insoutenable légèreté d'être. 400/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2501191114002