Pourquoi le terme « féministe » est-il librement approprié à la fois par l’extrême droite, la gauche, et le capitalisme ? Dans un contexte, où les notions de féminisme et d’égalité sont vidées de leur sens hier radical, que peut signifier être féministe aujourd’hui? Quels sont les combats à mener? Comment mettre au cœur des luttes des femmes l’antiracisme, l’anticapitalisme et l’anti-impérialisme?
Françoise Vergès s’attache d’abord à interroger les deux récits médiatiques qui dominent l’histoire du mouvement des femmes des années 1970 en France, l’un qui parle d’un mouvement qui aurait mené à une reconnaissance de la place des femmes françaises dans la république avec ses valeurs de laïcité et d’égalité, l’autre qui dénonce un mouvement qui aurait été exclusivement « blanc » et essentiellement intéressé par la liberté sexuelle. Reconnaissant une profonde asymétrie entre ces deux récits, Françoise Vergès questionne cependant les causes de l’effacement de féminismes radicaux et anticoloniaux, antiracistes et anti-impérialistes des années 1970. Il faut en effet analyser comment le féminisme étatique contribua à la pacification du mouvement radical en faisant des discriminations et de la loi l’objectif des luttes; comment il transforma le contrôle des naissances dans le Sud global ou auprès des femmes pauvres et immigrées et l’intégration des femmes racisées dans le monde du travail globalisé en politiques de la sororité. Il a su faire de l’intégration des femmes dans le monde du travail et dans celui de l’éducation la mesure du progrès des gouvernements et des institutions internationales. Le féminisme carcéro-punitif a pris peu à peu une place majeure, donnant au tribunal et à la police le rôle de protéger les femmes des discriminations et des abus, ignorant l’analyse sociale et politique. Violences domestiques et sexuelles sont devenus le fait d’individus isolés, enfermés dans une pathologie de masculinités arriérées et n’ont plus été analysées comme faits sociaux. En faisant disparaître le radicalisme des mouvements de femmes des années 1970 qui furent portés par l’énergie des grandes luttes anti-impérialistes et antiracistes pour passer à un féminisme de la pacification, c’est le désir de faire éclater les structures qui est effacé.
Dans un deuxième temps, à travers une lecture critique de la métaphore de "vagues", l’auteure propose une temporalité et une spatialité des luttes des femmes pour la justice et la liberté, contre le racisme et pour l’égalité qui excède celles du cadre national. En partant des luttes des femmes esclavagisées et colonisées, puis des luttes des femmes des sociétés postcoloniales françaises, elle montre l’internationalisme des luttes. Puis, partant des grèves de ces dernières années de femmes ouvrières racisées qui font le ménage dans les hôtels ou nettoient les gares, Françoise Vergès revient sur les analyses féministes autour de la question du travail dit « féminin » – le travail de soin et de nettoyage. Elle propose de mettre au cœur d’un féminisme politique et révolutionnaire ce travail dans ses dimensions de classe et de race.
Enfin, Françoise Vergès fait une analyse critique des politiques gouvernementales actuelles – la parité et l’inégalité – et, s’appuyant sur les nombreux exemples d’offensive féministe à travers le monde, elle suggère des pistes d’action et des axes de recherche pour renforcer un féminisme politique et révolutionnaire.
PLAIDOIRIE POUR L'AVORTEMENT"L'acte de donner la vie, comme l'acte de ne pas la donner, c'est un acte volontaire, c'est un acte de responsabilité. Ce que je voudrais que le Tribunal comprenne et, après lui, les hommes qui nous gouvernent, c'est que nous sommes des êtres libres et responsables, tout comme les hommes. Et puisque nous devons donner physiologiquement la vie, il faut que nous le décidions en êtres libres et responsables, et sans le contrôle de personne." Un texte essentiel, une plaidoirie historique pour le droit à l'avortement en France.170/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2502002048372
FEMINISMES AFRICAINSCe recueil d’entretiens est conçu comme une série de conversations avec une vingtaine d’activistes, universitaires féministes en majorité d’Afrique et de sa diaspora. Ces dialogues, conçus dans le but de décentrer la production de connaissance sur les féminismes en Afrique dans une perspective décoloniale, portent sur leurs pratiques, philosophies, aspirations, défis et joies féministes. Il en ressort des interviews qui, au fur et à mesure qu’elles se disent, esquissent une mosaïque fascinante de jeunes hommes et de femmes aux profils, âge, genre, orientation sexuelle, classe, nationalité et parcours professionnels certes variés, mais unis par la passion d’une Afrique où règne davantage d’équité et de justice sociale !830/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2501191950001
PENSER GLOBAL ? - DIX VARIATIONS SUR UN THEMEPenser global est à l'ordre du jour. Depuis les années 1990, une production massive y a répondu, sans qu'une formule stabilisée, ni même une version dominante ne puissent être considérées comme acquise en termes de méthode, moins encore un cadrage théorique. Les approches globales demeurent un chantier largement ouvert et qui ne cesse de se transformer. Ce volume n'entend pas ajouter une définition à celles qui ont été proposées. Fidèle au projet d'"Enquête", à partir de quelques expériences de recherche, il vise plutôt à mieux saisir ce que peuvent être pour les sciences sociales les enjeux et les effets d'appropriation d'une notion, le global, qui est à la fois spatiale (par rapport à d'autres échelles d'analyse) et conceptuelle (par rapport à d'autres termes en usage dans nos disciplines, tels ceux de généralité ou d'universalité). Quels éclairages est-elle susceptible de nous apporter ? Quelles opérations rend-elle possibles ? Que gagne-t-on à la mobiliser ?1,480/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2501161950003
LA FABRIQUE DES TRANSCLASSESHistoriens, philosophes, sociologues, psychanalystes, hommes d'arts et de métiers : les auteurs de ce livre sont pour la plupart des transclasses, produits d'une histoire singulière et collective. Ils prennent ouvertement la parole et croisent leur approche pour rendre visible une réalité parfois idéalisée, mais très souvent méconnue : celle du passage d'une classe à une autre. Ni fierté outrancière, ni honte coupable : ils veulent avant tout comprendre l'origine et la nature d'un tel changement social et s'interroger sur la fabrique d'une manière d'être et de vivre l'entre-deux. À travers des récits en première personne et l'examen de figures et de configurations historiques, présentes et passées, ils font le pari que les mouvements au sein de la société ne sont pas réductibles à des données statistiques, que l'intime a une portée politique et peut être audible et utile à tous, transclasse ou non.1,160/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2501161950002