La pensée commune est qu'une société ne peut exister sans la direction exercée par un pouvoir coercitif censé corriger tous les excès des comportements humains. Le pouvoir est historiquement détenu par un homme ou une instance ici dénommés despote. Dans la mesure où le despote (monarque, royal ou républicain) n'est jamais que le tyran légitimé par les dieux, un Dieu et le Peuple, avec un système de droit politique, il est encadré par une double contingence qui l'affecte : l'une, que fait ressortir en creux l'oeuvre de Pierre Clastres sur les sociétés sans pouvoir coercitif, est la contingence de ce qu'il faut bien supposer comme un tyran originaire (mais pas originel), sans légitimation, qui surgit à l'improviste (malencontre) de quelque dégénérescence de ces sociétés ; l'autre est celle, due aux circonstances historiques ou à la personnalité du despote, en vertu de laquelle ce dernier se transforme en tyran, retrouvant, dans la ""folie"" du pouvoir, les traits du tyran originaire. _x000d_
Quant aux chemins enchevêtrés qu'il faut prendre pour arriver à cette conception, et aux conséquences qu'il faut en tirer, le présent essai est là pour tenter de les tracer et esquisser les paysages qu'ils traversent. On verra qu'il y va ni plus ni moins de la question de ce qui fait une société - donc du politique. L'Histoire est née de la tyrannie, explicite ou implicite, et pour éclairer notre présent, il faut prendre de la distance, choisir quelques exemples autant dans l'Histoire ancienne que dans l'Histoire moderne ; d'autant plus que les auteurs classiques paraissent souvent bien plus éloquents que nombre de ""théorisations"" plus récentes, dont, dans le vide actuel, on commence à apercevoir, à quelques exceptions près, le caractère déjà ""vieilli"". _x000d_
Nous sommes en train de changer d'époque, nous en voyons une mourir sans pouvoir imaginer d'aucune façon ce qui va suivre - sinon peut-être dans quelque vision infernale à la manière de Baudelaire. Mais si les termes classiques de la question de la société politique ont changé d'apparence, la division sociale entre pouvoir et société, entre dominants et dominés, dont parlaient Machiavel et Cl Lefort à sa suite, demeure autant que jamais opérante, et c'est là sans doute l'une des choses que le présent ouvrage vise aussi à mettre en évidence, pour comprendre le passé et préparer l'avenir._x000d_
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LA VIOLENCE POLITIQUE VUE PAR LES HISTORIENS DU MOYEN- A L'EXTREME-ORIENTDans l’imaginaire européen subsistent des relents de l’orientalisme dénoncé par Edward Said, avec à la clé une dichotomie implicite entre, d’un côté, un « Moyen-Orient » volontiers perçu comme le terrain par excellence de la violence politique, voire comme le foyer de fanatismes congénitalement dressés contre toutes les valeurs les plus chères à l'Occident et, de l'autre, un « Extrême-Orient » où tout ne serait qu’ordre et beauté, luxe, calme et prospérité. Or, ces deux représentations opposées relèvent pourtant d’un même type de fantasmagorie dont cet ouvrage, fruit d’un colloque qui s’est tenu en 2022 au Collège de France, se propose de montrer le caractère anhistorique et idéologique. Un premier colloque (juin 2019) avait déjà tenté de montrer l’illusion d’optique et les préconceptions orientalistes qui font encore croire à une Chine « harmonieuse », à un Japon « esthétique » ou à une Inde « non violente ».  À l'inverse, l’Orient arabe apparaît aujourd’hui comme une « terre de sang » d’où rayonne la violence sous forme de terrorisme dans les autres régions du monde. Les événements récents montrent bien que ce n’est pas une réputation usurpée. Pourtant la violence n’est pas innée dans cette région mais le produit d’une série de facteurs dont la convergence aboutit à la constitution de systèmes autoritaires de plus en plus conservateurs et kleptocratiques, jouant sur l’antiterrorisme pour justifier la répression des oppositions. Or, ce diagnostic porté sur l’Orient « moyen » n’épargne pas totalement l’Orient « extrême » qui donne à première vue l’impression d’un monde relativement moins agité et plus prospère. A quel prix certains poids lourds de la région, à commencer par la Chine, maintiennent-ils sur leur population, notamment leurs minorités, un semblant d’ordre et de stabilité?1,320/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2404290810001
AUCUN D'ENTRE VOUS NE DOIT PRETENDRE QU'IL NE SAVAIT PASÀ l’occasion de la remise du prix européen de l’Essai 2023, la romancière, essayiste et activiste indienne Arundhati Roy a bravé tous les dangers en prononçant un discours poignant sur l’état politique alarmant de son pays. D’après elle, l’Inde n’est plus une démocratie depuis que Narendra Modi en est devenu le Premier ministre. Alors que les élections en Inde approchent et inquiètent considérablement les partisans de la paix, ce texte court et percutant se lit comme un cri du cœur bouleversant et riche en informations. Des mots essentiels qui nous ouvrent les yeux sur un pays en pleine dérive idéologique. Previous page 550/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2404120810001
UN MONDE EN CRISES - L'ENJEU MONDIALLa marche du monde s'enraye sous l'effet d'une accumulation de crises graves. Dernière en date après la pandémie de Covid-19 et promettant d'être longue, la guerre en Ukraine menace la paix et la sécurité alimentaire à l'échelle mondiale. Elle vient s'ajouter à une fragilisation de la démocratie, notamment en Europe, à l'érosion des normes humanitaires, au creusement des inégalités, à la dislocation de nombreux Etats, au déclin du multilatéralisme, aux tensions liées à l'approvisionnement énergétique et, surtout, au dérèglement climatique. La singularité de cette constellation de crises réside dans leur intensité exponentielle, dans l'enchevêtrement des défis qu'elles posent et dans l'incapacité des gouvernants et des institutions à les traiter de front. Les chercheurs et chercheuses du Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po réunis dans cet ouvrage tentent de décrypter les mutations profondes qui se produisent sous nos yeux. Coréalisée par le CERI et les Presses de Sciences Po, la collection "L'Enjeu mondial" propose les analyses de spécialistes, illustrées de façon claire et pédagogique par des cartes et des graphiques en couleurs, et enrichies des données les plus récentes.1,380/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2312270810009
POUTINE, L'UKRAINE ET LES STATUES DE LENINEDes milliers de statues de Lénine érigées en Ukraine, il n'en reste plus une, sauf dans les régions annexées par la Russie. Ces symboles communistes ont été systématiquement mis à bas depuis 2014. Les Ukrainiens ont même donné un nom à ce geste libératoire : le leninopad. Pendant ce temps, en Russie, Vladimir Poutine réécrit l'histoire, allant jusqu'à réhabiliter l'expansionnisme tsariste et soviétique par une statuaire ethno-nationaliste, militaire et religieuse ostentatoire. 880/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2312270810008