L'intuition fondamentale de Patoêka est que l'existence du sujet est de part en part mouvement, et c'est la signification de cette affirmation surprenante que l'auteur tente d'élaborer tout au long de son essai. Quels sont les résultats les plus décisifs de l'analyse ? En intégrant le mouvement de notre existence dans un procès plus général de phénoménalisation dont le sujet est d'abord le monde lui-même, on découvre deux niveaux de la manifestation qui renvoient eux-mêmes à deux sens de l'individuation. D'une manifestation primaire - manifestation qui n'est encore pour personne et prend la forme d'une délimitation des étants -, il faut distinguer, au titre de son prolongement, voire de son accomplissement, une manifestation destinée, c'est-à-dire subjective, qui présuppose une individuation neuve et unique, celle par laquelle nous advenons. C'est en ce point que la perspective cosmologique elle-même atteint sa propre limite pour autant que cette individuation ne peut procéder que d'un événement que rien n'annonce, d'une expulsion qui ne se prémédite pas dans le procès " physique " de manifestation. Cette scission entraîne comme une dérive dans la vie de la manifestation, de telle sorte que, par elle, le mouvement de venue du monde à la manifestation se tourne soudain vers son origine. Or, cette scission, qui nomme tout simplement le point d'émergence du sujet, affecte le procès de mondification mais ne peut en provenir et, à ce titre, elle projette la phénoménologie, mais aussi la cosmologie, à sa propre limite. Identifier cette limite revient à poser un regard neuf sur le statut de la phénoménologie, ainsi que sur le rapport qu'elle entretient avec la cosmologie et la métaphysique.
A QUOI SERT L'HOMME ?1,100/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2404291910003
NOUS SOMMES LES AUTRES ANIMAUXLe rapport à l’animal s’est beaucoup transformé depuis vingt ans dans les sociétés occidentales. Les violences faites aux animaux sont insupportables et l’extinction de millions d’espèces est perçue comme une catastrophe. Nous avons changé de paradigme. Nous sommes passés de l’animal-machine des cartésiens avec lequel tout est permis à l’animal-peluche des végans qu’il faut caresser et protéger. C’est un progrès, mais penser l’animal comme il est et non comme nous le fantasmons constitue toujours un défi philosophique. S’atteler à cette tâche est urgent : nous comprenons aujourd’hui que l’humain s’est constitué dans la texture de l’animalité et que l’émergence d’animaux-robots annonce des bouleversements majeurs.
Dominique Lestel est un philosophe qui développe une éthologie philosophique originale. En 2017, il a été lauréat de la Japan Society for the Promotion of Science, et en 2018-2019, il a été un Berggruen Fellow au Center for Advanced Studies in the Behavioral Sciences, à Stanford University, où il a écrit ce livre.880/mainssl/modules/MySpace/PrdInfo.php?sn=llp&pc=2404291910002